J'braque la misère, il me faut de l'argent

Fée queer racisée de classe populaire dans la précarité de la recherche académique !

[Cette cagnotte est à destination d'une amie qui l'organise de manière anonyme.]

J’ai eu une coupure non-anticipée de revenu, je me retrouve dans la galère et j’en appelle à la solidarité collective pour avoir du soutien et tenir le coup pendant cette période, où je n’aurais pas de revenu pendant plusieurs mois. J’ai une demande de RSA en cours, mais qui va mettre du temps à arriver et qui ne sera pas suffisante pour payer mes charges. Je dois aussi déménager dans les prochains mois, ce qui va créer des frais supplémentaires que je n’ai pas les moyens de gérer. Je fais de la recherche, mais c’est compliqué d’en vivre dignement quand on n’a pas un poste. C’est un peu mon retour de bâton en tant que personne de classe populaire racisée, qui a essayé de travailler beaucoup dans le cadre scolaire pour s’en sortir. Et j’ai honte – d’où le fait que c’est une demande anonyme. Et je suis épuisée.

Le démantèlement des services publics de l’enseignement supérieur et de la recherche de l’université française rend bien difficile d’obtenir un financement de thèse, et si on a la chance de l’obtenir de travailler dans de bonnes conditions. Les contrats de trois ans en sciences humaines et sociales, multiplient depuis déjà longtemps les situations de fin de thèse payées par le chômage, par un deuxième travail, et/ou par des vacations en dessous du smic horaire, qui épuisent et renforcent des atteintes à la santé mentale. À cela s’ajoute les deux dernières réformes de l’assurance-chômage, qui ne permettent plus de vivre du chômage et qui écourtent les périodes de son obtention.

À tout cela s’accumule la mise en place de parcours-sup, qui entraine que les chemins cabossés, rallongés comme le mien, n’existeront de toutes les façons plus, puisque je n’aurais pas pu effectuer les études que j’ai menées du fait d’où je viens, de qui je suis, et de tous les événements que j’ai traversés.

Bref, on en fait jamais assez. Et malgré la ténacité, la persévérance, et le fait de travailler gratuitement souvent, et au moins deux fois plus que les autres, les situations de grosse galère, de précarité, de santé mentale en PLS, de lutte permanente contre les oppressions systémiques, nous poursuivent. Oui, évidemment que la question se pose de ne pas poursuivre le travail de thèse et de faire autre chose. Mais de toutes les façons pour faire quoi ? Et je crois en le bonheur que me procure ce que je fais, malgré les conditions dramatiques dans lesquels j’exerce. Je crois en son utilité. Je crois que j’ai le droit d’aller au bout de ce projet avant de, probablement, quitter le monde académique, puisque je n’aurais de tous les manières pas de poste. Je vais faire d’autres activités de ma vie, c’est une question de temps, et de santé mentale et physique aussi.

En tout cas, là tout de suite, la question ne se pose pas avec ces mots-là, puisque l’urgence c’est que je puisse me nourrir et vivre a minima, et la dette est déjà là. Donc si tu as les moyens, ou que tu connais quelqu’un·e qui a les moyens. Si tu crois en l’injustice des inégalités – notamment économiques. Si on se connait et que tu crois en mon projet, en ce que je fais au quotidien, à tout le travail qui ne rentre pas dans la comptabilité capitaliste. Si tu crois que tout le monde à le droit de vivre dignement. Fais tourner !

Si tu peux/préfères prêter de l'argent qui te sera rendu intégralement dans un délai discuter conjointement, c'est aussi possible et utile. Tu peux écrire à l'adresse mail : larbreetlaforet-04@riseup.net